Le traitement hormonal de substitution féminisant (ou THSF), est le procédé médical par lequel on va tenter de faire baisser le niveau des hormones naturellement produites par la personne en transition féminisante (les androgènes et la testostérone) en ajoutant un apport régulier d’hormones dites féminines.
Premièrement, il faut choisir son médecin. L’endocrinologue est la ou le médecin spécialiste des hormones et de leurs effets, il est donc normal de se dire que c’est avec elle ou lui que le suivi sera le plus complet. Cependant, certain·e·s médecins généralistes ont également les capacités pour suivre un parcours de transition, car ces derniers sont en réalité assez simples à suivre. Le majeur avantage du/de la généraliste est le temps d’attente réduit et le prix des consultations bien moins important, l’inconvénient étant la non-remboursabilité de certains médicaments (même si ce souci est moindre dans le cas d’une transition féminisante - nous y reviendrons plus tard). Une fois le rendez-vous pris, la ou le médecin, après quelques questions sur votre santé générale, vous prescrira une prise de sang. Selon vos antécédents, vous pourriez avoir à faire d’autres examens. La ou le médecin vous fixera un second rendez-vous afin d’analyser vos résultats et, en fonction de ceux-ci, vous prescrira une certaine posologie et certains médicaments.
Il existe trois substances qui peuvent être prises dans le cadre d’un THSF : les œstrogènes, la progestérone et les bloqueurs d’androgènes. Il n’est absolument pas nécessaire de prendre les trois, mais il est intéressant de savoir que, si les résultats ne suffisent pas avec un seul, une discussion peut être entamée avec la ou le médecin pour voir si coupler avec un autre médicament peut être envisagé.
Les œstrogènes et la progestérone sont les deux types d’hormones généralement produites par les personnes possédant un utérus. Les bloqueurs d’androgènes, eux, servent à bloquer l’action des hormones produites par les testicules si jamais celles-ci entravaient trop le travail du THSF. Chez certaines personnes, prendre des œstrogènes suffit à faire baisser le niveau de testostérone, chez d’autres, c’est plus compliqué ou plus lent, c’est pourquoi on peut ajouter un bloqueur dans le lot.
Généralement prescrit sous forme de gel, celui-ci doit être appliqué quotidiennement, si possible à la même heure et au sortir de la douche. Il est également possible de les recevoir en injection intramusculaire, mais le gel reste la solution la moins chère car il revient à 20,83€ les trois flacons, ou 5,54€ après remboursement (3,32€ pour les BIM). Trois flacons durent en général trois mois, mais cela varie légèrement en fonction du dosage.
Il existe deux formules généralement données pour bloquer les androgènes : la spironolactone et l’acétate de cyprotérone, aussi appelé Androcur. Les deux sont sous forme de comprimés et ont un prix proche (env. 3 mois de spironolactone : 5,51€ ou 3,31€ pour les BIM ; env. 3 mois d’Androcur : 6,53€ ou 3,89€ pour les BIM). L’Androcur est dit être plus efficace, mais ses effets secondaires sur le long terme peuvent se montrer très dissuasifs (dépression de l’humeur, augmentation des risques d’ostéoporose, de cancers de type méningiomes…). La spironolactone, en plus d’avoir bien moins d’effets secondaires, permet aussi une intervention qui ne dépend pas du/de la médecin la prescrivant, contrairement à l’Androcur qui n’est remboursé que s’il est prescrit par un endocrinologue.
Les effets de la progestérone pour les THSF ne sont pas encore très clairs ni vraiment prouvés. Certaines patientes et professionnel·le·s assurent que cela améliore la forme des seins, par exemple, mais d’autres études tendraient à prouver le contraire. De plus, chez des femmes cisgenres ménopausées, la prise de progestérone augmente les risques d’AVC et d’infarctus.
Pour compléter la vue générale du prix total d’une transition, on peut ajouter tous les trois mois environ une visite chez le médecin (4 à 6 € à sortir de sa propre poche chez un généraliste, le prix chez l’endocrinologue varie selon le médecin) ainsi que les prises de sang (environ 15€ tous les trois à six mois).
Pour les transitions féminisantes, certains effets peuvent se montrer tôt, mais il leur faut beaucoup de temps pour atteindre leur potentiel maximal. Ci-dessous, un tableau reprenant la majorité des effets expérimentés par une majorité de personnes suivant un THSF. Il faut savoir que chaque personne est différente et expérimentera différemment certains effets.
Pour la majorité, la stérilité arrive très vite et est irréversible, mais ce n’est pas toujours le cas. Il convient donc de faire attention à ce point lors des rapports sexuels et de continuer à se protéger si l’on ne souhaite pas procréer. Pour en savoir plus sur les possibilités de conservation des gamètes, voir au chapitre Vie de famille.
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Pour les mineur·e·s, il n’existe aucune réglementation officielle concernant l’accès aux hormones pour les mineur·e·s. Il convient donc à chaque médecin de voir avec son éthique professionnelle à quel âge il lui semble bon de donner accès à un traitement hormonal. Beaucoup se limitent à 16 ans minimum, avec la notable exception du cas où la ou le jeune est sous traitement bloqueur de puberté, ce qui lui permettra d’avoir accès plus tôt aux hormones. Mais certains médecins acceptent de délivrer un traitement hormonal dès l’âge de la puberté “classique”, donc aux alentours de 13 ans et ce sans bloqueurs derrière.
Les bloqueurs de puberté, eux, sont accessibles très tôt car leur but est de d’arrêter entièrement la puberté, parfois même de manière préventive. Leur effet est totalement réversible après arrêt du traitement, ce qui représente un avantage conséquent pour les jeunes qui souhaiteraient continuer à explorer leur zone de confort avant de se lancer dans un traitement hormonal partiellement irréversible. Leur administration se fait par injection également, à une fréquence d’une fois toutes les 10 - 14 semaines et il est possible de se les faire entièrement rembourser.
M. Ouafik, Thérapie Hormonale d’Affirmation de Genre : Revue de la littérature et recommandations, conférence formative donnée à Mons en 2021