Il est parfois difficile de trouver des espaces culturels et de socialisation dans lesquels on se sent bienvenu·e en tant que personne queer. À Bruxelles, l’initiative BAD (Brussels Almanack Dykes) recense de nombreux lieux, événements et collectifs queers et féministes.
Voici des collectifs qui s’adressent explicitement aux personnes queer :
Consultez la liste des associations membres de PraTIQ pour découvrir d'autres associations et groupes s'adressant aux personnes LGBTQIA+, particulièrement les Maisons Arc-en-Ciel, présentes dans chaque province et accueillant généralement un écosystème d’associations locales.
Pourquoi renseigner des collectif·ves, lieux et événements queer, parfois non-mixtes ? Nombreuses sont les personnes qui recherchent une communauté de pairs queer. Iels vont donc chercher à se rassembler entre elleux, que ce soit pour pouvoir partager leurs expériences en tant que personnes queer ou simplement pour socialiser dans un espace perçu comme sécurisant.
Certaines personnes voient cette recherche d’un “entre-soi” comme un repli identitaire dangereux ou une forme d’auto-ghettoïsation, mais l'espace public reste une source de danger pour de nombreuses personnes queer. Si les statistiques sont plus difficiles à obtenir en ce qui concerne la Wallonie, il existe plusieurs études sur la prévalence des violences LGBT-phobes en région de Bruxelles-Capitale. Alors que la capitale a la réputation d’être plus ouverte aux identités LGBTQIA+, on y recense un taux alarmant de violence homophobe. Celle-ci peut prendre la forme de violences verbales (insultes, menaces,…), de violences physiques (bagarres suite à des violences verbales, agressions) ou de violences sexuelles (attouchements, remarques à caractère sexuel). Elle peut également se perpétuer sous forme de harcèlement (violences répétées sur une plus longue période de temps.)
D’après une étude de 2022, un acte de violence LGBT-phobe sur trois à Bruxelles a lieu dans l’espace public. La sphère domestique et le cadre du travail sont d’autres lieux à risque. Une étude de 2019 relative à l’entièreté du territoire belge indiquait que 42% des personnes LGBTQIA+ interrogées avaient été victimes de harcèlement pendant les 12 mois précédant l’enquête. 67% d’entre elleux affirmaient parfois, voire tout le temps, éviter de tenir la main d’un·e partenaire en public. Cette dernière statistique montre bien que la plupart des personnes LGBTQIA+ ont conscience de l’hostilité de l’espace public envers elles. En réponse à cette hostilité, ces personnes développent des stratégies d’évitement ou tentent parfois de cacher leur identité. Cependant, la charge mentale demandée pour mettre en place de telles stratégies participe à une augmentation du stress minoritaire, qui peut alors peser lourdement sur la santé mentale.
C’est pourquoi l’existence de lieux queer et queer-friendly est salutaire. Ceux-ci permettent aux personnes queer de baisser leur garde, de se sentir en sécurité et donc d’alléger la charge mentale décrite plus haut. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles les personnes LGBTQIA+ continuent à considérer la rue du Marché au Charbon à Bruxelles comme l’un des endroits les plus safe de la ville, alors que c’est paradoxalement là qu’ont lieu une grande partie des violences homophobes. Face à la queerphobie ambiante dans la société, l’entre-soi continue donc à représenter une bouffée d’air nécessaire.
Les lieux, collectifs et événements ciblant spécifiquement les personnes queer sont nécessaires, car beaucoup de lieux ou d’événements dits LGBTQIA+ continuent à attirer majoritairement un public d’hommes gays (et parfois de femmes lesbiennes). Ces espaces ne sont pas toujours accueillants envers les personnes qui remettent en question l’homosexualité normative ou qui s’identifient en dehors de l’opposition binaire homo/hétéro. De même, certains événements qui ont pour but d’accueillir les personnes trans ne sont parfois pas entièrement safe pour les personnes non-binaires ou ayant un parcours de transition atypique.
Certains préjugés et certaines discriminations liées à l’ordre hétérosexuel et cisgenre sont aussi de mise au sein de la communauté LGBTQIA+, qui est fragmentée en de multiples communautés. Il reste donc bénéfique de pouvoir accéder à des espaces spécifiquement queer. Cependant, cette réalité ne contredit pas le fait qu’il est important stratégiquement de faire communauté au sein d’un mouvement plus global. Toutes les personnes reprises sous l'acronyme LGBTQIA+ tirent toujours bénéfice d’une lutte commune contre le système patriarcal et cis-hétéronormatif.
Merci à Emmanuel Hennebert du collectif Let's Talk About Non-binary pour son aide à la rédaction de cet article.
Observatoire Bruxellois Prévention et Sécurité (OBPS) (2022), Les violences LGBTQIA+phobes en Région de Bruxelles-Capitale
European Union Agency for Fundamental Rights (FRA) (2020), A long way to go for LGBTI equality
Fédération des Maisons Médicales (2019), LGBTQI+, des patient.e.s aux besoins spécifiques