PLATEFORME 
QUEER

Accompagner

Cet article est destiné spécifiquement aux personnes qui souhaitent accompagner au mieux des personnes LBTQIA+ dans différents cadres (amicaux, familiaux ou professionnels).

Cela peut sembler évident, mais, dans l’écrasante majorité des situations de la vie quotidienne ou professionnelle, interagir avec une personne LGBTQIA+ sera en tout point identique à une interaction avec une personne cisgenre et hétérosexuelle.

Cependant, étant donné que les identités LGBTQIA+ sont encore l’objet d’incompréhensions, de réactions de rejets ou de questionnements, il convient de se préparer au mieux. Ce petit guide propose donc plusieurs pistes et aborde plusieurs sujets récurrents en lien avec l’accompagnement d’une personne LGBTQIA+, selon que vous êtes ami·e, parent·e ou proche (première partie) ou professionnel·le (deuxième partie).

Je suis un·e ami·e, parent·e, proche

Si quelqu’un dans votre entourage vient de faire un coming-out queer, vous vous demandez peut-être comment la/le soutenir au mieux à présent. En effet, si la personne vous a parlé de son identité, c’est que celle-ci a une importance certaine dans sa vie de tous les jours. Il est donc respectueux de prendre en compte cette facette de la personnalité de votre proche.

Rappelez-vous par contre que la personne n’a pas changé. Même si vous ne la/le percevez pas de la même manière, iel reste toujours la personne que vous avez toujours connu. Votre attitude par rapport à la personne en elle-même n’a donc pas besoin de changer non plus. Il vous faut par contre remettre en question les suppositions que vous aviez peut-être faites par rapport à ellui en raison des systèmes normatifs dans lesquels nous évoluons tou.te.s. Aviez-vous l’habitude de demander à votre ami·e ou proche s’iel avait trouvé une petite amie ? Peut-être devrez-vous maintenant parler d’un potentiel petit ami, ou bien utiliser un terme épicène (par exemple, un ou une partenaire), ou peut-être savez-vous aujourd’hui que la personne ne cherche pas de partenaire. Adapter votre langage aux nouvelles informations que vous avez reçues montre à la personne que vous l’avez entendue et que vous respectez qui elle est.

Oubliez l’idée de chercher une cause à l’identité de votre proche. Aucune étude n’a pu réellement conclure pourquoi certaines personnes sont hétérosexuelles et cisgenres et d’autres non. Connaître la cause n’est ni nécessaire ni utile pour offrir votre soutien aux gens proches de vous.

Ne vous préoccupez pas trop non plus de savoir si l’identité d’une personne est en fait “juste une phase.” Si c’est le cas, la personne vous sera a priori tout de même reconnaissante que vous lui ayez offert votre soutien pendant sa période de questionnement. L’identité est quelque chose de fluide, et le fait qu’une expérience soit temporaire n’enlève rien à sa valeur.

Si votre ami·e ou votre proche est en situation de transidentité, nous vous invitons à également lire cet article sur notre site, dédié à la question.

Je suis un·e professionnel·le (médecin, psychologue, travailleur·euse social·e, corps enseignant…)

En tant que professionnel·le, quel que soit le milieu dans lequel vous exercez, vous serez amené·e à interagir avec des personnes queers. Voici quelques conseils pour accueillir ces personnes de la manière la plus respectueuse possible :

  1. Ne tolérez aucune discrimination : Si vous travaillez au sein d’une institution ou organisation, quelle que soit sa forme, ou simplement dans une situation de groupe, il doit être clair pour tout le monde qu’aucune discrimination ne sera tolérée. Ceci doit être explicité avant qu’une discrimination ne se produise (politiques internes de l’institution, cadre de non-discrimination posé avant une activité de groupe...), mais également après si une discrimination a lieu. Cela implique de nommer la situation discriminante et potentiellement de punir la personne ayant discriminé. Dans un cabinet médical, par exemple, s‘il est important que les médecins respectent l’identité de leurs patient·e·s, c'est également le cas pour les personnes gérant l’accueil. Dans un milieu scolaire, il est absolument nécessaire que le corps enseignant réagisse aux situations de harcèlement entre jeunes. 
  2. Ne mentionnez l’orientation sexuelle ou l’identité de genre que si c’est pertinent : Les questions de genre et d’orientation sexuelle sont très sensibles. Si vous n’avez pas besoin de ces informations, mieux vaut ne pas poser la question, car cela pourrait mettre la personne sur la défensive, même si la question est posée poliment. Par exemple, en tant que médecin, il vaut toujours mieux demander à la personne si elle est sexuellement active avant de poser une question sur son orientation sexuelle ou son choix de partenaire. En effet, dans le cas où elle n’est pas sexuellement active, la question de son orientation n’est aucunement pertinente médicalement. Dans le cas d’un accompagnement psychologique, il est important de ne pas ramener chaque problématique à l’identité queer de la personne, surtout quand cette dernière n’établit pas clairement de lien entre son identité et sa détresse. 
  3. Évitez toute question déplacée : Ne posez pas de questions liées à l’intimité de la personne si vous ne poseriez pas exactement la même question à une personne hétérosexuelle et cisgenre. Ceci inclut toute question à propos des pratiques sexuelles d’une personne, ainsi que toute référence à un traitement hormonal ou à des opérations chirurgicales. 
  4. Soyez à l’écoute de la personne : Il suffit parfois d’écouter la manière dont la personne parle d’elle-même pour savoir comment la genrer, par exemple. Une attitude d’écoute permettra également à la personne en face de vous d’être plus à l’aise et de choisir les informations qu’elle considère pertinente de révéler ou pas.
  5. Remettez en question vos préjugés et vos connaissances : La société est structurée autour des identités hétérosexuelles et cisgenres. Il est très important dans votre pratique professionnelle de reconnaître quand vous faites des suppositions basées sur cette norme plutôt que sur l’individualité de la personne en face de vous. Il est également important que vous puissiez admettre quand vous n’avez pas les connaissances ou compétences pour répondre aux besoins de la personne. Ne pas reconnaître les spécificités des personnes queers peut en effet revenir à les mettre en danger. 
  6. Formez-vous sur les questions LGBTQIA+ : De nombreux organismes proposent des formations sur ces thématiques, à destination de différents types de professionnel·le·s. Vous pouvez nous contacter via l’adresse e-mail info@pratiq.be pour obtenir plus d’informations sur les formations disponibles.

Nous vous conseillons également de lire la section "Accompagner" de notre plateforme Trans dédiée aux professionnel·le·s. Celle-ci vous donnera plus d’informations sur la manière dont vous pouvez accueillir dans un cadre professionnel les personnes non-cisgenres.

Conclusion

Ces quelques pistes ne sauraient évidemment couvrir l’entièreté des situations que vous pouvez rencontrer dans l’accompagnement d’une ou plusieurs personnes LGBTQIA+. Nous espérons cependant que les quelques points évoqués ici, couplés éventuellement à notre plateforme Trans, sauront amener quelques réponses et amorcer des réflexions qui permettront aux personnes LGBTQIA+ de votre entourage personnel ou professionnel de se sentir bien à vos côtés.

Nous ne le répèterons jamais assez : dans l’écrasante majorité des situations rencontrées, rien ne diffère entre une personne cisgenre hétérosexuelle et une personne se retrouvant dans une ou plusieurs des lettres de l’acronyme LGBTQIA+. L’essentiel reste donc de considérer la personne à qui vous vous adresser avec respect et bienveillance, comme vous le feriez pour toute autre personne. Bien sûr, une vigilance est nécessaire pour désamorcer des réflexes et habitudes ancrées par les normes en vigueur (par exemple déduire le genre d’une personne de son apparence ou supposer que votre interlocuteur·ice est cisgenre et hétérosexuelle) et ce travail peut prendre du temps.

Les personnes LGBTQIA+ ont conscience des normes contre lesquelles elles doivent souvent se battre au quotidien et du manque d’information dont dispose une partie de la population à leur sujet. Si cet état de fait n’excuse rien, il peut rassurer : une erreur, si elle est innocente et suivie d’une excuse et d’un changement de comportement, sera souvent prise comme une maladresse plutôt que comme une volonté de nuire.

Merci à Emmanuel Hennebert du collectif Let's Talk About Non-binary pour son aide à la rédaction de cet article.

Sources

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