Le 8 novembre, nous célébrons la Journée Internationale de la solidarité et du souvenir inter*. A cette occasion, la Fédération Prisme présente cinq portraits. Ces portraits vous présentent cinq figures emblématiques du mouvement inter*.
Christiane Völling, née le 17 avril 1959, est une personnalité marquante dans la lutte pour les droits des personnes inter*. Elle est reconnue comme la première personne inter* à avoir remporté un procès historique portant sur une intervention chirurgicale qu'elle a décrite comme une réassignation sexuelle non consentie. Son combat pour la justice a abouti à une décision judiciaire emblématique de la Cour régionale de Cologne, qui lui a octroyé 100 000 euros en réparation.
Völling est née avec des chromosomes XX, une configuration typiquement associée au sexe féminin. Cependant, sa naissance est survenue avec une variation inter*, en l'occurrence, une hyperplasie congénitale des surrénales. Cela a entraîné des organes génitaux atypiques, ce qui a conduit à une décision médicale initiale de l'élever comme un garçon. Son parcours a été marqué par une puberté précoce et le développement de caractéristiques masculines, y compris la croissance de poils faciaux.
Cependant, à l'âge de 14 ans, lors d'une appendicectomie, les médecins ont fait une découverte révélatrice. Ils ont constaté que Völling possédait des organes reproducteurs féminins complets, Cette révélation a bouleversé la vie de Völling et l’a plongée dans une crise psychologique.
En 1977, l'analyse chromosomique a confirmé sa configuration typiquement féminine, mais ces résultats lui ont été dissimulés. Dans un acte controversé, à l'âge de 18 ans, elle a été soumise à une intervention chirurgicale le 12 août 1977. Cette opération a été décrite comme une "testovarectomie", impliquant l'ablation d'organes à la fois testiculaires et ovariens, bien qu'aucun tissu testiculaire n'ait été présent. Les registres médicaux ont documenté que son anatomie était typiquement féminine, avec un utérus pré-pubertaire, des ovaires de taille normale, et un vagin borgne. À la suite de cette opération, Völling a continué de se percevoir comme un homme, mais son parcours l'a finalement amenée à faire la transition vers une identité de genre féminine.
En 2006, Christiane Völling a enfin obtenu accès à ses dossiers médicaux, révélant à la fois son diagnostic chromosomique et la véritable nature de l'intervention chirurgicale de 1977. C'est à ce moment-là qu'elle a décidé de poursuivre en justice les médecins et le système qui avaient façonné son existence contre son gré.
Le procès qui a suivi devant la Cour régionale de Cologne a fait date. Völling a déclaré qu'elle n'avait pas été en mesure de donner un consentement éclairé pour l'opération en 1977, et qu'elle n'avait pas reçu de compréhension suffisante de la nature et des implications de cette intervention. Elle a estimé que des traitements médicaux appropriés lui auraient permis de vivre pleinement en tant que femme, y compris sur les plans de la sexualité et de la procréation. Elle a enduré des années de vie dans un genre qui ne lui correspondait pas, avec des conséquences, telles que la stérilisation, qui affectent toujours sa vie.
Le tribunal a conclu que l'opération chirurgicale n'était pas justifiée par des risques de santé graves ou immédiats. De plus, les médecins n'avaient fourni aucune raison valable de lui cacher son diagnostic. Völling était génétiquement et physiquement une femme, et l'opération avait impliqué la suppression de ses seuls organes sexuels existants. La Cour a statué que cette opération avait violé ses droits et l'a légalement indemnisée à hauteur de 100 000 euros.
Ce cas a été reconnu internationalement comme un exemple de réassignation sexuelle non consentie. Il a jeté une lumière crue sur les pratiques médicales controversées qui ont touché de nombreuses personnes inter* sans leur consentement éclairé. Parallèlement à son combat en justice, Völling a également cherché à faire reconnaître son changement d'état civil en tant que femme, pour officialiser son identité de genre.
Il est important de noter que sa décision de porter plainte contre les médecins et le système médical qui ont influencé sa vie est un acte de courage qui a eu un impact significatif sur la sensibilisation aux droits des personnes inter*. Elle a contribué à mettre en lumière les questions complexes liées aux interventions médicales non consenties sur les personnes inter* et à remettre en question les pratiques médicales controversées dans ce domaine.
Le cas de Christiane Völling a également été reconnu par la Commission internationale de juristes comme un exemple de réassignation sexuelle non consentie, soulignant ainsi son importance sur la scène internationale.